Un nouveau protocole BRGM pour caractériser l’amiante dans les gisements alluvionnaires

Un nouveau protocole BRGM pour caractériser l’amiante dans les gisements alluvionnaires

Temps de lecture : 6 minutes – Catégorie : réglementation / technique

Le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) a publié en avril 2025 un nouveau protocole de caractérisation de l’amiante environnemental dans les formations alluvionnaires, avec pour objectif de mieux prévenir les risques sanitaires associés à l’exploitation de ces matériaux. Ce protocole, destiné aux géologues intervenant dans le secteur des carrières, établit une méthodologie rigoureuse et standardisée pour l’identification de roches amiantifères dans les gisements alluvionnaires, formations géologiques souvent complexes et hétérogènes.

Un enjeu sanitaire et réglementaire majeur

La présence d’amiante naturellement présent dans certaines alluvions représente un risque pour les professionnels comme pour les riverains des carrières. Jusqu’à présent, la caractérisation de ce risque dans les gisements alluvionnaires souffrait d’un manque d’outils adaptés, car la méthodologie en vigueur concernait principalement les roches massives. Ce nouveau protocole comble donc un vide en matière de repérage environnemental de l’amiante dans les granulats fluviatiles et fluvio-glaciaires.

Un protocole axé sur le travail de terrain

Le rapport BRGM/RP-74450-FR, qui constitue la version finale du protocole, est centré sur les opérations de terrain. Il détaille les différentes étapes techniques de prélèvement, d’observation et de classification des matériaux :

1. Analyse du contexte géologique du bassin-versant du gisement.

2. Étude géologique détaillée du site (stratification, nature pétrographique).

3. Élaboration d’une stratégie d’échantillonnage, suivant la norme NF EN 932-1.

4. Constitution d’un échantillon de référence par tamisage (fraction ≥ 20 mm).

5. Établissement du spectre pétrographique à partir de 1000 galets au minimum.

6. Sélection et conditionnement des échantillons-cibles, envoyés en laboratoire accrédité pour analyses réglementaires.

Le protocole propose également des schémas et tableaux explicatifs, comme ceux présentés pages 10, 14 et 28, facilitant sa mise en œuvre pratique.

Des exigences de compétence pour les géologues

Le rapport insiste sur le rôle clé des géologues de terrain, qui doivent non seulement maîtriser la géologie générale mais aussi être formés à l’identification visuelle des types de roches susceptibles de contenir de l’amiante. Il est rappelé que les critères de compétence exigés sont comparables à ceux définis par la norme NF P94-001 sur le repérage de l’amiante avant travaux dans les sols.

Une approche compatible avec les contraintes industrielles

Le protocole tient compte des différentes configurations d’exploitation : gisements secs ou immergés, exploitation par bandes transporteuses ou engins mécaniques, etc. Il propose plusieurs modes d’échantillonnage (sur front, sur bande, sur stock), en évaluant pour chacun les avantages, les contraintes logistiques et les risques de ségrégation granulométrique (cf. Figure 8, page 23).

Enjeux pour la filière des granulats

Ce protocole s’inscrit dans un mouvement plus large de prévention des risques liés à l’amiante environnemental et de conformité réglementaire dans le domaine des matériaux de construction. Il pourrait devenir une référence nationale pour les carrières alluvionnaires, en attente de diagnostics ou soumises à des obligations réglementaires de contrôle.

Sources :
BRGM, Protocole de caractérisation de l’amiante dans les gisements alluvionnaires – Rapport final BRGM/RP-74450-FR, 23 avril 2025 

Pour en savoir plus et bénéficier de notre veille réglementaire et normative, nous consulter.