Une nouvelle méthode d'analyse pour l'amiante ?
Une équipe italo-française a récemment publié une étude novatrice portant sur le développement d’un outil portable d’imagerie hyperspectrale dans le proche et court infrarouge (NIR-SWIR), capable d’identifier, cartographier et quantifier l’amiante dans les matériaux et en présence naturelle, "sans prélèvement ni préparation de l’échantillon".
Le 29 septembre 2025
Identification de l'amiante par imagerie hyperspectrale : une percée technologique pour la détection in situ
Temps de lecture : 6 minutes – Catégorie : innovation, technique
Une équipe italo-française a récemment publié une étude novatrice portant sur le développement d’un outil portable d’imagerie hyperspectrale dans le proche et court infrarouge (NIR-SWIR), capable d’identifier, cartographier et quantifier l’amiante dans les matériaux et en présence naturelle, "sans prélèvement ni préparation de l’échantillon".
Un enjeu de santé publique
Les fibres d’amiante représentent toujours un risque sanitaire majeur, en particulier lors de la manipulation de matériaux contaminés ou dans les zones géologiques riches en amiante naturel. L’analyse fiable in situ, rapide et non destructive, représente un défi technologique crucial dans le cadre des démarches de prévention et de gestion du risque amiante.
Le système développé : vers un capteur chimique portable
Le dispositif conçu associe :
-
Un laser supercontinuum comme source d’excitation (400–2400 nm),
-
Un spectromètre haute résolution NIR-SWIR (1350–1517 nm),
-
Un système de scannage XYZ motorisé avec autofocus,
-
Un logiciel dédié d’analyse et de cartographie minérale,
-
Une résolution spatiale de 50 μm,
-
Et une capacité de traitement d’un million de spectres par heure.
Cette technologie permet une analyse spectroscopique de surface, basée sur les "bandes harmoniques de vibration des groupements OH" spécifiques aux différentes variétés d’amiante.
Cartographie minéralogique en temps réel
Les chercheurs ont testé le système sur plusieurs types d’échantillons :
-
Matériaux contenant de l’amiante (joints, plaques de toiture, canalisations),
-
Un échantillon de roche serpentinique riche en lizardite (Murlo, Italie).
Grâce à une méthode de comparaison spectrale (cosine similarity/SAM) et une classification non supervisée (ISODATA), le dispositif a pu :
-
Différencier chrysotile et crocidolite, deux des six types réglementés d’amiante,
-
Cartographier la distribution des fibres sur des surfaces de 3 mm² à 100 mm²,
-
Fournir des estimations semi-quantitatives fiables des taux d’amiante (par exemple : 13 % chrysotile et 12 % crocidolite dans un matériau contenant de l'amiante).
Limites et perspectives
L’étude montre cependant que la technologie actuelle ne permet pas de discriminer les polymorphes de la serpentine (chrysotile, lizardite, antigorite), car ils présentent des signatures spectrales OH très similaires. Cette limitation pourrait être levée par l’élargissement de la plage spectrale analysée.
De plus, l’outil pourrait être étendu à d’autres fibres amphiboles (amosite, actinolite...) en enrichissant les bases spectrales de référence.
Une avancée opérationnelle majeure ?
Cette innovation représente une alternative portable et économique aux méthodes classiques en laboratoire (SEM-EDX, DRX, FTIR), souvent longues, coûteuses et impliquant une manipulation risquée des fibres.
Elle ouvre des perspectives concrètes pour des interventions sur site, dans le cadre :
-
Des chantiers de désamiantage,
-
De la surveillance de bâtiments (écoles, hôpitaux, bâtiments publics),
-
Ou des études géologiques en terrains à risque.
Sources :
Marzini L. et al., Identification, mapping, and quantification of asbestos minerals in ACM and NOA using NIR-SWIR hyperspectral scan imaging: Preliminary study, Spectrochimica Acta Part A, 333 (2025), article publié le 11 février 2025.
Pour en savoir plus et bénéficier de notre veille réglementaire et normative, nous consulter.
Management
du risque sanitaire
Parce que le pire est prévisible,
nous vous préparons pour le meilleur.
